CQB 1925_NUM

FR //

Dans la majorité des œuvres d’Ana Sokolović, un élément extramusical sert de source d’inspiration. Cette caractéristique de création est intimement liée à l’importance que prend, chez Sokolović, le principe de «pluralité»: diversité des approches et décloisonnement des formes d’arts abordées. Short Stories du Quatuor Bozzini, collaborateurs de longue date de la compositrice, offre l’occasion d’écouter le résultat d’une rencontre entre la sensibilité artistique d’Ana Sokolović, et quatre de ses sources d’inspiration. Parmi les arts visuels on découvre les liens qui unissent la compositrice avec la sculpture: Ghost 1 et Ghost 2 furent composées en s’inspirant des œuvres Enzo’s Tumpkin et Scetch II de Verina Baxter et Klaus Duschat. Le thème et variations Blanc dominant, né d’une contemplation de l’univers pictural de Guido Molinari, propose une correspondance sonore avec des peintures de l’artiste; un hommage en musique, le «compte-rendu d’une fascination». Avec Troisième page après le soleil, on découvre Sokolović dans l’univers d’un court-métrage de Theodore Ushev, frénétique tableau en mouvement où la musique, interprétée par le Quatuor Bozzini, prend des airs de narrateur. Enfin, la Commedia dell’arte est une œuvre-fresque en trois volets, dont un a été commandé par le Quatuor Bozzini. Les personnages qui y prennent vie et leurs personnalités archétypales fascinent Sokolović depuis l’enfance. Cette théâtralité de la Commedia résonne encore, et on ne peut plus vivement, avec l’ensemble de la production musicale de la compositrice: un discours direct et intelligible, une musique à la fois riche, complexe, et abordant des archétypes qui peuvent être compris et transposés à toute époque. — Emanuelle Majeau-Bettez

EN //

In most of Ana Sokolović’s work, an extra-musical element serves as a source of inspiration. This particular compositional process is intimately linked to the importance of “pluralities” for Sokolović; a diversity of approaches, putting different art forms in dialogue. Short Stories by Sokolović’s long-term collaborator, Quatuor Bozzini, enables us to listen to the encounter taking place between the composer’s artistic sensitivity and four of her sources of inspiration. In the realm of visual arts we discover the composer’s interest in sculpture; her miniatures, Ghost 1 and Ghost 2, were inspired by Verina Baxter and Klaus Duschat’s Enzo’s Tumpkin and Scetch II. Triggered by a contemplation of Guido Molinari’s pictorial universe, the theme and variations Blanc dominant offers a musical connection to the artist’s paintings; a sounding tribute, the “recording of an enchantment.” With Troisième page après le soleil, Sokolović enters the universe of a short film by Theodore Ushev. The music for this frenetic tableau takes on quasi-narrative qualities. The final piece is a three-part fresco work, Sokolović’s Commedia dell’arte, which includes a commission by the Quatuor Bozzini. The characters that share the stage of the Commedia and their archetypal personalities have fascinated Sokolović since childhood, and the theatricality of the genre still vividly resonates with the composer’s entire musical production: a direct and intelligible discourse, music that is at once rich, complex, bringing forth archetypes that can be understood and transposed to any age and any nation. — Emanuelle Majeau-Bettez