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La thématique du Forum était: «How can we define humanity today». Le défi lancé par le Forum à ses invités était: Que pouvons-nous dire en tant qu’artistes à propos de la guerre, du terrorisme, de l’impérialisme, des conflits ethniques etc. et quelles sont nos propositions, si utopistes soient-elles? L’avant-garde peut-elle apporter de nouvelles idées, de nouvelles manières de comprendre ces différents problèmes?

Musique et politique
Dans notre société, un des rôles principaux de la musique est le maintien de l’ordre social. Où et comment trouver, dans la musique même, des propositions inspirantes au niveau politique? La musique se fait dans une communauté de l’esprit et du corps. On y retrouve des manières de cohabiter, de vivre et de penser ensemble qui remontent probablement à la préhistoire et qui constituent des bastions de résistance pour l’être humain. Tant que la musique demeurera vivante, la société restera viable. Il est un des rôle de l’art de servir de laboratoire social, de lieu d’incubation, où de nouveaux modèles de société peuvent être tentés mais où aussi, des modèles archaïques doivent être préservés. Une pièce «politique» se devait de questionner les manières traditionnelles de présenter la musique classique. Nous ne voulions pas créer un simple objet de consommation de plus. Nous avons donc proposé une approche compositionnelle comportant plusieurs types de rapport entre l’interprète et la partition: sections écrites de manière traditionnelle; sections aléatoires, ou modulaires, qui permettent aux interprétes de modifier l’ordre de présentation des éléments proposés; canevas et jeux d’improvisation menant à des sections d’improvisation ouverte. Nous sommes très conscients qu’en politique, encore plus qu’en musique classique, le mot «improvisation» constitue la pire des insultes.

Le quatuor à cordes
Le quatuor à corde nous offrait un modèle de société tout à fait fascinant à étudier. Un microcosme, un miroir de la société et de son organisation. La survie et le succès d’un tel ensemble n’est possible qu’en s’appuyant très fort sur l’idée de communauté. Un bon quatuor joue, pense et agit comme une seule personne. Pourtant, même si les instruments et les êtres sont appelés à se fusionner, chaque ensemble de musique présente un assemblage de réalités très diverses. Dans le cas du Quatuor Bozzini: deux femmes, deux hommes; un couple; deux soeurs; des origines et des langues maternelles différentes etc. Un élément de réponse a été pour nous dans l’exploration des rapports des différents membres du Quatuor Bozzini entre eux; les prendre comme des individus, pas des machines à jouer de la musique, les faire parler, crier, chanter en différentes langues, bouger, se déplacer dans l’espace.

La composition à deux
Si nous voulions «briser» le moule du quatuor classique, Bozzini en échange, nous a lancé un défi particulier qui, d’une certaine manière, a aussi certaines répercussions politiques. Le fait de demander à 2 compositeurs de travailler à une même composition nous a provoqué et déstabilisé. Cela nous a forcé à remettre en question plusieurs de nos méthodes de travail. Notre première réaction a été de demander aux Bozzini s’ils voulaient mettre notre couple en danger! Ici, nous avons travaillé par échanges d’une manière véritablement interactive. Mettre en commun à mesure le matériel composé et les différents concepts élaborés afin que chacun puisse modifier le matériel produit par l’autre ou en changer le contexte. Nous sommes très heureux de ce que la pièce est devenue et c’est beaucoup grâce à l’implication indéfectible du Quatuor Bozzini dans l’interprétation de notre pièce Le mensonge et l’identité.

-Jean Derome, Joane Hétu

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EN//

The theme for the forum being “How can we define humanity today?”, guests were asked to consider, as artists, the issues of war, terrorism, imperialism, ethnical conflicts, and bring forth new ways of solving these problems, as utopian as these may be. What are the new ideas the avant-garde movement can bring us, and how can this help us understand these issues in a different perspective.

Music and Politics
In this society, one of the main purposes of music is to maintain social order. How can we turn to music to find inspired political ideas? When music is made, body and spirit merge into one. Music has the ability to bring back the basics of human existence and show us how to coexist, live and think together. Society will sustain itself as long as music lives. Art serves as a social laboratory, an incubator where new society models can be tested, but where old ones must be preserved. This piece being a political one, we felt an obligation to defy traditional ways of presenting classical music by refusing to create just another disposable object. The project was approached in a compositional manner, combining traditionally written segments, random (or modular) segments which the performer is free to interpret in any order, as well as framework and improvisation games, leading to open improvisation segments. We are very aware of the negative implication of the word “improvisation” in classical music as well as in politic

The String Quartet
A string quartet is in a way a microcosm, a reflection of society and its organization, and is absolutely fascinating to observe. The notion of community is essential for the survival and the success of this sort of ensemble because a good quartet plays, thinks and acts as one. Although the instruments and individuals inside the group are constantly merging as they perform, each ensemble represents a mingling of different realities: in the case of Bozzini Quartet, two women, two men, one couple, two sisters, different backgrounds and different languages. We explored the connections between the members of the group, adressing them as individuals as opposed to machines capable of producing music. This enables them to speak, scream, sing in different languages and move freely on stage.

Composing with a partner
As we were exploring ways of breaking out of the classical quartet form, the Bozzinis challenged us by asking us both to work together, which in a way had political repercussions of its own. This sparked our creativity, but it also left us unhinged, and our first reaction was to ask the Bozzinis if they were putting our relationship to the test! We were forced to revise our entire working methods, and we came up with a truly reciprocal exchange of ideas, in which we were able to put forth new material as it was written and new concepts as they were thought out, and in such a way that the other person was able to modify any piece of material produced by the other, or change its context as we went. We are very pleased with the way the piece evolved, and this is largely due to the unrelenting involvment of Bozzini Quartet in the interpretation of our piece, Le Mensonge et l’Identité.

-Jean Derome, Joane Hétu [English translation: Gabrielle Dumais, ii-11]