CQB 1720_NUM

C’est en 1991, lors de recherches effectuées pour l’écriture d’une œuvre pour cornemuse, que j’ai pris connaissance du phénomène urnosséen. Au 3e millénaire avant Jésus-Christ, un peuple de bergers aurait développé une écriture musicale? Quelle découverte fascinante! À l’époque, le monde scientifique s’accordait pour donner un certain crédit aux hypothèses de l’archéologue allemand Alexander Von Stratten. Ce fut le point de départ de l’écriture de Deux pièces pour cornemuse. En 1994, l’anthropologue britannique Tom Blake avança de nouvelles hypothèses qui vinrent contredire les théories du chercheur allemand. C’est en se basant sur ces propositions que le collectif Urnos a conçu le spectacle présenté en 2004 (repris en 2011). Trois ans furent nécessaires à l’équipe d’idéateurs pour mener ce travail à terme. D’abord, l’artiste multidisciplinaire Guy Laramée s’appliqua à reproduire le plus fidèlement possible les instruments. Claire Gignac dirigea les ateliers et Martine Beaulne conçu la trame narrative du spectacle qu’elle mit en scène. Il s’agissait pour ma part d’écrire, pour les instruments reconstitués, une musique qui aurait pu être celle du peuple disparu. M’en suis-je approché? Comment le savoir? Mais pourquoi ne pas le croire un instant et se laisser envoûter par ces sons venus de la nuit des temps et faire ainsi le voyage aux confins d’une mémoire collective peut-être encore inscrite dans nos gènes? — André Hamel

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In 1991, while carrying out research related to the writing of a work for bagpipes, I first learned of the Urnosian phenomenon: had a shepherding people, in the third millennia B.C., developed a form of musical notation? What a fascinating discovery! At that time, the scientific world agreed that it lent some credibility to the hypotheses of German archaeologist Alexander Von Stratten. This served as my point of departure for writing Deux pièces pour cornemuse. In 1994, British anthropologist Tom Blake advanced new hypotheses that opposed Von Stratten’s theories. It was based upon these new propositions that the Urnos collective conceived the performance they presented in 2004 and then re-staged in 2011. It took three years of effort by the team of innovators involved to bring the project to fruition. Multidisciplinary artist Guy Laramée reproduced their musical instruments as accurately as possible. Claire Gignac directed the musical workshops and Martine Beaulne conceived and then staged the narrative structure. My role entailed writing, for the reconstituted instruments, a music which could have been from this longlost people. How was I to approach this? How could one know? Yet, why not believe it possible, let oneself be transported by these sounds from the depths of time, and journey to the reaches of a collective memory possibly still well-inscribed in our genes? — André Hamel