[EN]

I was very honoured to receive this request from Quatuor Bozzini, whose immense talent I already knew. The first meeting was very warm, friendly and familiar, like a reunion of old friends after a long separation. —Éliane Radigue

Thus began the collaboration between Quatuor Bozzini and Éliane Radigue. In the hospitable atmosphere of her apartment, the composer conveyed the intricacies of her sound to QB. Her entire career, Radigue has been dedicated to building a body of work in which, from long sustained tones, microbeats between frequencies emerge. Radigue transmitted Occam Delta XV (2018) to QB — the dedicatee of the piece — through an oral composition process which, given Radigue’s experience with electronic instruments, was the most natural way of communicating.

Playing Occam Delta XV, for QB, is like jumping in a lake when you know the water might be cold: “It’s a question of trusting the people you’re playing with.” At every performance, Radigue’s music is akin to water: always in movement, yet always somehow the same. As the present recordings of Occam Delta XV testify, each performance of the piece offers a different musical experience. “You can’t re-create the performance. It’s so much about the time and the place,” says Alissa Cheung, “but now that we’ve played it many times, we know that state of mind intimately and we come back to it.” It is this mental zone that QB refines over performances of Radigue’s work. In addition to the technical bravura that is required to maintain sustained notes, Occam Delta XV demands of QB an elevated listening mode, somewhere “between meditation and hyperconsciousness.”

The encounter between QB and Radigue points to the challenging nature of auditory availability in Radigue’s music. Yet, as one may experience while listening to this album, such acute awareness transfers to all listeners of Radigue’s music: Radigue’s sound holds the potential to shake expectations regarding performance, listening, and music making.


[FR]

J’ai été très honorée de recevoir cette demande du Quatuor Bozzini, dont je connaissais déjà l’immense talent. La première rencontre a été très chaleureuse, amicale et familière, comme une réunion de vieux amis après une longue séparation. —Éliane Radigue

Ainsi débuta la collaboration entre le Quatuor Bozzini et Éliane Radigue. Dans l’atmosphère chaleureuse de son appartement, la compositrice exposa les subtilités de son art. Toute sa carrière, Radigue s’est consacrée à la construction d’une œuvre dans laquelle, à partir de sons tenus, des microbattements entre les fréquences émergent. Occam Delta XV (2018) fut transmis à QB (dédicataire de l’œuvre) par voie de composition orale qui, compte tenu de l’expérience de Radigue avec les instruments électroniques, était le moyen le plus naturel de communiquer.

Pour QB, jouer Occam Delta XV s’apparente à ce qu’on peut ressentir lorsqu’on saute pour la première fois dans un lac; toujours en mouvement, et pourtant toujours un peu la même, la musique de Radigue prend des allures aquatiques. Comme en témoignent ces deux enregistrements d’Occam Delta XV, chaque prestation de l’œuvre offre une expérience musicale différente. «C’est impossible de recréer l’exécution, qui est tellement liée au temps et au lieu» dit Alissa Cheung, «mais nous avons joué la pièce de nombreuses fois, et revenons au même état d’esprit.» C’est donc cet état mental que QB affine au fil du temps; en plus de la bravoure technique requise pour maintenir les notes soutenues, Occam Delta XV exige de QB un mode d’écoute très élevé, «entre la méditation et l’hyper conscience».

La rencontre entre QB et Radigue met en évidence l’état de totale disponibilité qu’exige la musique de Radigue. Et pourtant, comme on peut en faire l’expérience en écoutant cet album, cette conscience aiguë se transfère à tous les auditeurs de sa musique: le son de Radigue bouleverse les attentes concernant la performance, l’écoute et la création musicale.